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Documentez la pandémie

Témoignages Que pensez-vous du déconfinement?

Question diffusée du 30 avril au 7 mai 2020

Le monde se remet à tourner. Timidement, on commence à ouvrir nos portes. Après des semaines passées dans nos maisons, c’est le moment de prévoir un retour à la normale. Cette semaine, on veut savoir comment vous envisagez le déconfinement. Partagez vos impressions!


Témoignage d'Anne

33 ans, Québec

Je trouve qu’on ouvre trop en même temps. J’ai l’impression qu’on ouvre la porte à une grande vague de contamination…

J’aurais préféré avoir le droit de voir ma mère et qu’elle voie mes filles, qu’on puisse l’inviter pour la fête de cinq ans de ma grande la semaine prochaine, plutôt que de pouvoir aller magasiner chez Winners…

On ne réouvre pas les centres communautaires et les tribunaux, mais les magasins de détail oui? C’est un non-sens. Pour les écoles et les garderies, ça fera du bien à certains enfants, mais l’organisation laisse tellement à désirer… Pourquoi vouloir faire si vite! Je suis déçue, je m’imaginais un déconfinement qui ferait du bien à l’âme après toutes ces semaines, et finalement je ne vis qu’un grand stress…


Témoignage de Nicole

54 ans, L'Isle-Verte

Au Bas St-Laurent, la vie est tranquille. Le printemps s’installe. Les oies blanches sont passées. C’est au tour des canards et autres migrateurs de prendre possession des bâtures. Les urubus à têtes rouges se sont installés pour l’été dans la montagne. Les petits oiseaux s’agitent. Ils doivent se dénicher une cabane où élire domicile pour l’été. Les Islevertois sont nombreux à préparer leur terrain; l’un ratisse, l’autre installe une aire de jeu pour des enfants, un autre sors ses chaises de parterre. On se salue par un geste de la main. Très peu de véhicules n’osent troubler ce moment de renaissance quasi sacré.

Des marcheurs s’arrêtent devant les maisons pour une jasette en prenant soin de rester à bonne distance des interlocuteurs. Le sujet est le même pour tous: l’inquiétude de se voir envahis par des touristes montréalais qui nous amèneraient cet affreux virus.

Même les artisans qui vivent du tourisme n’ouvriront pas leur échoppe cet été. Chacun est extrêmement inquiet et préfère s’occuper pour ne pas y penser, jusqu’au prochain promeneur qui s’arrêtera sur son trottoir pour lui confier la même préoccupation.


Témoignage de Yannik

44 ans, Mascouche

Je crois personnellement qu’il est beaucoup trop tôt, qu’on ne connait rien encore du virus et que nos enfants ne sont pas des cobayes… Bref, je ne crois pas que ma princesse retournera à l’école avant septembre.


Témoignage de Frédérike

19 ans, Sherbrooke

Les gens ont hâte de sortir, c’est comprenable. Un mois et demi d’attente, être à la maison, sur pause et le pire: être avec soi-même.

Mais quelque chose m’attriste: les gens ont si hâte de sortir qu’ils oublient les dangers, les doutes des organismes de santé. Les gens veulent sortir, à en oublier que plusieurs sont à risque, beaucoup peuvent mourir encore si on ne fait pas attention.

J’entend beaucoup le mot «économie» dernièrement, même de la bouche de ceux qui, justement, n’en savent trop rien à l’économie (j’en fais partie). J’entend aussi parler de santé de la part de ceux qui, justement, n’y connaissent rien à la santé, à la science et à toute sa complexité (j’en fais partie). Les gens ont hâte de sortir, à s’en prendre aux plus vulnérables. «De toute façon, ils allaient mourir. Ce ne sont que des vieux. Ils ne servent à rien. L’économie s’effondrera par leur faute. Les jeunes doivent sortir.» Tant de mots qui me blessent. Un mois et demi. Un mois et demi sur toute une vie. Un mois et demi qui aura épargné plusieurs vies malgré tout. Seulement un mois et demi, je nous trouve impatients.

L’Homme s’en est toujours pris aux plus vulnérables lorsqu’il s’agit de son mieux-être (à différencier de bien-être). L’Homme en a plus pour son argent si on le déconfine. L’Homme doit continuer à obtenir ce qu’il désire, ses LED multicolores, ses gadgets de cuisine aux couleurs pastel, son restaurant, ses soirées grandioses au bar. L’Homme veut poursuivre un mode de vie qui est loin de la survie. Nous survivons très bien. Ne vous trompez pas, tout ça me manque. Mais lorsqu’il s’agit de la vie des autres, je me sens un peu mieux chez moi, à attendre. La vie se vit en accéléré depuis longtemps, trop longtemps. Ça me fait si mal de voir que les plus vulnérables sont vue ainsi, j’aimerais qu’on puisse les apprécier à leur juste valeur. Personne ne veut mourir en se sentant un fardeau de la société. Aux vulnérables, je vous souhaite toute la force du monde.


Témoignage de Yann

15 ans, Montréal

Selon moi, le déconfinement est une bonne chose, mais doit évidemment se faire dans le calme et graduellement. La distanciation (2 m) devra encore être respectée, mais les gens pourront sortir de chez eux moins apeurés qu’avant. Bien sûr, il y a beaucoup de personnes qui ont besoin de sortir de chez eux pour plusieurs causes. Des gens qui dépriment à force d’être cloîtrés chez eux, avec des parents impatients ou alcooliques. Il faut certainement penser à eux, mais pour ma part, j’ai assez peur qu’une deuxième vague du virus fasse son apparition alors qu’on n’aurait pas pris les mesures nécessaires et entamé le déconfinement trop tôt. C’est une étape très importante dans l’histoire et ça ne doit pas être pris à la légère.

En conclusion, je suis d’accord avec le déconfinement, mais cela ne devrait pas changer les bonnes habitudes qu’on a acquises, soit l’hygiène de santé et la distanciation sociale.


Témoignage anonyme

23 ans, Québec

J’ai une opinion partagée sur le sujet étant donné ma situation. Je m’explique: je travaille dans un hôpital majoritairement composé d’étages d’hébergement de longue durée, et je vois chaque jour des gens mourir seuls.

Le peu d’humanité que nous retrouvions autrefois lors d’une fin de vie en milieu hospitalier semble être disparu. Évidemment je vois aussi (et je vis aussi) la souffrance du personnel. Comment ne pas se sentir impuissant.es dans ces circonstances?

Et je ne commenterai pas l’épuisement professionnel et la détresse psychologique vécus, car j’en aurais pour trop longtemps. D’un autre côté, nous sommes des êtres sociaux et nous avons un besoin de vivre en communauté. Si le confinement se prolonge, c’est des années de rattrapage de soins psychologiques qui devront être offerts à la population, et le système de santé est déjà déficient en matière d’accès aux psychothérapies. Je pense qu’il n’y a malheureusement pas de solution miraculeuse. Que l’on repousse le déconfinement ou qu’on l’amorce rapidement, cela entraînera une lourde conséquence sur la santé des Québécois.


Témoignage de Pauline

77 ans, St-Jérôme

Je ne veux pas vivre à tout prix et je ne veux pas vivre le confinement qui va se prolonger au point de détruire ma santé mentale. Je veux vivre ma responsabilité citoyenne, en tant que personne âgée, en prenant soin de ma santé et de celle des autres. Je suis responsable, ayant ma lucidité, de mes actes comme toute autre personne dans la société, et je n’ai pas besoin de surprotection, d’infantilisation.

Je n’ai pas besoin que l’on sauve ma vie.

Je suis responsable de ma vie et de ma qualité de vie comme aînée vivant seule. Je vous dis que je veux vivre moi aussi le déconfinement, et en toute conscience, je sais que la Covid 19 pourrait être mortelle pour moi vu une faiblesse pulmonaire. Je ne veux pas surcharger les hôpitaux, et mon dossier médical est prêt si le besoin devait survenir pour une aide à mourir dignement.

Vivre et mourir dignement, là est l’essentiel.


Témoignage d'Émilie

38 ans, Lévis

Ça n’a aucun sens d’utiliser le terme «retour à la normale», ce ne sera pas normal, la normalité, nous l’avons perdue en mars, et qui sait quand nous la retrouverons vraiment?

Je suis tout à fait d’accord avec le déconfinement, il faut laisser une chance aux entreprises de se sortir la tête de l’eau, laisser une chance aux enfants de sortir de la maison, laisser une chance aux parents de travailler. J’envie ceux qui rejoindront leur lieu de travail et leurs collègues, même si c’est pour les fréquenter derrière un plexiglass, c’est quand même mieux que de voir les gens dans un écran à longueur de journée. Il faut recommencer à vivre, même si ce n’est qu’à une fraction de notre «vie normale», sinon nous allons tous devenir fous.


Témoignage de Lisa

17 ans, Châteauguay

Je travaille et malheureusement, il y a déjà beaucoup trop de gens qui viennent. Les 70 ans et plus… Les enfants… Les couples qui ne veulent pas se séparer pour max une heure. Mais il y a énormément de clients (minimum une centaine) par jour qui font faire leur commande par des employés et qui la reçoivent à leur porte sans contact! J’espère que cela va rester! 😥

Pour les écoles! Voyons! N’importe quoi! Les enfants de 7 ans et moins, respecter le 2 mètres? Ils ne savent probablement même pas c’est quoi.

Je peux pas voir mes cousins mais ils peuvent retourner à l’école? Hummmm! Totalement en désaccord! Fermer tout deux semaines! Là, la courbe va descendre 😉 Bon retour a tous.


Témoignage de Luc

37 ans, Baie-Comeau

Pour moi, le déconfinement équivaut à plus de frais. Je n’ai plus d’emploi pour encore possiblement longtemps à cause de la récession mondiale. Ma pension alimentaire gruge la moitié de mon PCU, qui est d’ailleurs moins que  le chômage m’aurait donné.

Je n’enverrai pas mes enfants à l’école quand j’en ai la garde, car je ne peux payer les frais de garderie du midi.

Déconfiné ou non, je n’ai plus d’argent pour acheter quoi que ce soit et je gruge mes économies en espérant en avoir assez pour ne pas faire faillite, alors pour moi, le retour à la normale est encore loin… 🤷‍♂️

Une initiative du

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